ADC 17 / ADC.Construction
   Bureau d’études et d’ingénierie des structures

Gestion des eaux pluviales

Des solutions intégrées et durables
L’ensemble des illustrations présentées dans ce guide ont une valeur pédagogique.
Les ouvrages de gestion durable des eaux pluviales présentés dans ce guide ont pour
particularité, outre une gestion quantitative des eaux pluviales, d’apporter des bénéfices sociaux,
économiques et environnementaux à la société. On parle de « services écosystémiques ».
Dépendamment de l’ouvrage de gestion durable des eaux pluviales considéré, ces bénéfices
peuvent être nombreux. Le graphique ci-dessus en présente les principaux.
La stratégie ambitieuse
Historiquement, les eaux de pluie ont longtemps été mélangées avec les eaux usées, et ce au
sein de collecteurs unitaires canalisés. L’objectif premier était d’assainir la ville des eaux
polluées, vectrices de nombreuses maladies. Ces réseaux ont été délaissés au cours du XXe siècle
pour laisser place au système séparatif.
Depuis 2020, une stratégie ambitieuse en matière de gestion des eaux pluviales. Celle-ci donne
la priorité à l’infiltration. Ainsi, toute nouvelle extension ou construction de bâtiment doit
privilégier, lorsque cela est techniquement possible, l’infiltration des eaux de pluie à l’échelle de
la parcelle du projet.
Lorsque la nature du sol rend cette infiltration compliquée, une rétention des eaux doit être mise
en place avec un rejet à débit régulé au milieu aquatique superficiel se situant à proximité, ou à
défaut au sein d’un réseau d’eaux pluviales strict. Tout rejet au réseau d’eaux usées ou au
réseau unitaire est formellement proscrit.
Pourquoi une gestion « intégrée » ?
Les aménagements de gestion des eaux pluviales présentés dans ce guide doivent être intégrés
comme un élément structurant d’un projet d’aménagement, et cela dès la phase de conception.
Pourquoi une gestion « durable » ?
La pérennité des ouvrages mis en place est nécessaire pour permettre une meilleure résilience
des villes face aux défis soulevés par l’évolution de la société et par le changement climatique.
Les bénéfices apportés par les ouvrages présentés dans ce guide, à la différence des techniques «
tout-tuyau », intègrent bien souvent un volet environnemental important, mais aussi
économique et social.

POINTS FORTS :
Infiltration et régulation / emprise réduite / coûts maîtrisés / réduction des désordres hydrauliques



Fossé simple et fossé à redents

Connu de tous, le fossé est un aménagement longitudinal accoté à la voirie qui permet de capter
l’eau de pluie issue de la chaussée. Le fossé assainit la route et assure la sécurité des usagers.
Par commodité, il a longtemps permis de gérer les eaux pluviales des parcelles privées. Cet
usage trouve néanmoins aujourd’hui ses limites. En effet, les fossés sont bien souvent en
surcharge avec l’apparition d’inondations locales aux points bas.
Parallèlement aux actions pouvant être mises en place pour déconnecter les parcelles privées du
domaine public, la requalification d’un fossé simple en fossé à redents trouve son intérêt pour
gérer plus efficacement les volumes d’eau, et notamment protéger les zones soumises à un
risque d’inondation.
Le volume d’eau qui transite par l’ouvrage décroît d’amont en aval grâce à l’infiltration des eaux
retenues dans chaque compartiment. L’infiltration in situ permet par ailleurs de recharger les
nappes phréatiques. La compartimentation de l’ouvrage peut être assurée par des éléments en
bois, en pierre ou en béton.
Un débit régulé est mis en place à la base de l’ouvrage, soit par une section ouverte soit par une
buse de petit diamètre. Le haut de l’ouvrage est quant à lui conçu pour permettre une surverse
des eaux lors d’événements pluvieux de forte intensité. La chaussée est ainsi protégée en toutes
circonstances.


La noue

La noue est un aménagement simple de par sa conception. Elle se caractérise par une dépression
longitudinale enherbée qui permet l’infiltration des eaux pluviales qui y sont acheminées. À la
différence d’un fossé, la noue a un profil moins profond, plus large et présente donc des pentes
plus douces. Le temps de séjour d’une goutte d’eau au sein de l’ouvrage est de fait plus
important. L’infiltration y est favorisée.
Dans les cas où le sol naturel existant est peu ou pas perméable, la noue peut devenir un système
de gestion plus complexe en se couplant à une tranché drainante. Les épisodes pluvieux de plus
forte intensité peuvent ainsi être maîtrisés. Un drain de collecte peut être mis en place pour
renvoyer l’excédent du volume d’eau au réseau d’eaux pluviales.

 

Le jardin de pluie

C’est une solution technique qu’il est facile d’intégrer dans un projet d’aménagement : jardins
privatifs, zones d’activités économiques ou encore sur l’espace public (places, parkings, voies de
mobilité douce…).
L’ouvrage collecte et infiltre in situ les eaux pluviales. En surface, le jardin de pluie se caractérise
par un massif d’essences végétales locales et adaptées aux spécificités du sol. Le cortège
floristique choisi doit pouvoir résister à un apport soudain d’eau, mais non continu !
L’eau est acheminée de façon gravitaire et est collectée par des saignées. Celles-ci permettent le
passage de l’eau tout en contenant le substrat au sein de l’ouvrage.
Sous la surface, le jardin de pluie peut se composer du terrain naturel, s’il est perméable, ou à
défaut d’un substrat amendé.
Lorsque les volumes d’eaux à gérer sont importants et/ou que le site ne présente pas de bonnes
conditions d’infiltration, une couche de grave peut-être alors mise en place, ou un ouvrage de
type SAUL*, pour gérer un volume d’eau plus important.
L’illustration ci-contre présente une solution technique pour l’implantation de jardins de pluie
sur un site pentu. Pour palier une vitesse d’écoulement importante et une concentration des
volumes d’eau en aval, une succession de jardins de pluie peut être implantée. Chaque jardin de
pluie a une aire de captage définie et est en capacité d’intercepter les arrivées d’eau
supplémentaires des jardins amonts.
* Structure Alvéolaire Ultra-Légère – SAUL : structure plastique avec un indice de vide de 95%


L’arbre de pluie

La fosse d’arbre est un aménagement de conception particulièrement simple et performant pour
l’abattement des volumes d’eaux pluviales. En effet, les arbres agissent comme de véritables
éponges. Ils sont capables d’absorber six fois plus d’eau qu’une simple parcelle d’herbe pour une
surface équivalente. À titre indicatif, un chêne adulte d’une trentaine de mètres de hauteur
consomme près de 200 litres d’eau par jour.
Cet aménagement se caractérise par le remplacement du sol existant, souvent peu perméable,
par un substrat perméable et adapté à l’essence d’arbre sélectionnée.
Les eaux de pluie peuvent être acheminées de façon gravitaire jusqu’à la dépression de
l’aménagement. Celle-ci permet d’accroître à la fois la capacité de stockage et d’infiltration des
eaux de pluie.
Si nécessaire, un drain de collecte peut être implanté sous l’ouvrage pour que le surplus d’eau
soit renvoyé au réseau d’eaux pluviales.


La mare tampon

La mare est une étendue d’eau stagnante peu profonde et de faible superficie qui peut jouer un
rôle dans la gestion des eaux pluviales. Sa fonction principale étant de réguler les volumes
d’eaux qui transitent d’amont en aval, on parle alors de « mare tampon ».
Outre la gestion de eaux de pluie, cet aménagement paysager se caractérise par la plus-value
importante qu’il apporte en matière de biodiversité. En effet, à la différence de la plupart des
bassins d’infiltration et/ou de rétention, cet aménagement a vocation à accueillir un cortège
floristique et faunistique, à la fois important et diversifié. Cette richesse peut permettre de
sensibiliser le jeune public aux enjeux environnementaux, et ce tout en assurant sa sécurité par
la mise en place d’une barrière de protection.
Pour assurer cette fonction, une mare tampon doit maintenir un niveau d’eau constant. Elle n’a
donc pas vocation à infiltrer les eaux pluviales.
Lors d’un épisode pluvieux, l’eau est acheminée jusqu’à la mare tampon où son niveau augmente
progressivement. Un débit régulé est mis en aval de l’aménagement pour assurer le contrôle du
rejet dans le réseau public d’eaux pluviales ou dans un fossé par exemple.
Y-a-t-il un risque d’apparition de moustiques ?
La présence de moustiques est avérée lorsque l’eau croupit, conséquence d’une stagnation sur
plusieurs jours. Pour autant, lorsque la mare tampon est bien conçue, elle constitue tout un
écosystème avec ses moyens de régulation naturels : oxygénation du plan d’eau par sa mise en
mouvement, prédation par les amphibiens, oiseaux et chauvesouris sur les larves de moustiques
et les sujets adultes.


Surface minérale poreuse

Les enrobés couramment utilisés pour la réalisation de chaussées et trottoirs entraînent
nécessairement l’imperméabilisation des sols et favorisent le ruissellement de surface.
Si l’artificialisation est nécessaire pour répondre à un ou plusieurs usages, alors il convient de
recourir à des solutions perméables pour gérer in situ les eaux pluviales.
Les enrobés et pavés poreux - ou à interstices - permettent de répondre à cette exigence. Lors de
leur mise en place, la perméabilité des enrobés poreux est si importante qu’ils sont en capacité
d’infiltrer des volumes d’eaux dont l’intensité est comparable à celle de régions tropicales.
Les avantages de ce matériaux sont multiples : réduction du risque d’aquaplaning, confort de
roulement, filtration des polluants (métaux, huiles, hydrocarbures…), multiplicité des usages
(hydraulique et mobilité), pas d’emprise foncière supplémentaire…
L’illustration en page de droite présente la mise en place d’une surface minérale poreuse avec
une tranchée drainante. Cette dernière peut être mise en place pour palier l’imperméabilité du
sol naturellement présent.
Zoom sur les revêtements en sables stabilisés
Bien qu’ils puissent être intéressants sur le rapport perméabilité/coût, ils ne sont pourtant pas à
privilégier en raison de plusieurs critères : poussiéreux en été, détrempés en hiver, compactage
et réduction de la perméabilité au cours du temps, présence de métaux lourds dans le ciment…
Les solutions citées précédemment, plus pratiques et efficaces, sont donc à privilégier !


Le bassin enterré d’infiltration et de rétention

Le bassin enterré de rétention et/ou d’infiltration constitue un ouvrage qui n’apporte pas de
bénéfices écosystémiques, à la différences des bassins végétalisés.
Pour autant, lorsque les volumes d’eaux pluviales à gérer sont particulièrement importants et
que peu d’espace foncier est disponible, le bassin enterré constitue alors bien souvent la solution
technique la plus adéquate.
Cette solution deviendra néanmoins caduque si le bassin versant amont connaît une
urbanisation croissante, conduisant inéluctablement à une artificialisation des sols et à la
nécessité de gérer des volumes d’eaux pluviales plus importants.
Cet ouvrage peut être réalisé en SAUL* (ou nidaplast), en graves, en éléments bétons, en
tubosider ou encore en chambres de stockage.
Au regard des contraintes techniques pour sa mise en place et des coûts induits, il est
recommandé de ne considérer cet ouvrage qu’en dernier recours.
* Structure Alvéolaire Ultra-Légère – SAUL : structure plastique avec un indice de vide de 95%


Le bassin d’infiltration et de rétention à ciel ouvert


Le bassin à ciel ouvert présente les mêmes avantages que le bassin enterré, et plus encore.
Lorsque le bassin est conçu à la fois comme un aménagement hydraulique et paysager, il
présente alors plusieurs autres bénéfices que celui de la gestion quantitative des eaux de pluie.
Il contribue notamment à l’amélioration du cadre de vie, au développement de la biodiversité, à
la réduction des polluants dans l’eau et à l’écrêtement des débits de pointe.
Bien que plus vertueux que le bassin enterré, le bassin à ciel ouvert nécessite toutefois une
emprise foncière non négligeable. L’artificialisation du bassin versant amont pourrait conduire
cet ouvrage à devenir insuffisant au cours du temps. Des systèmes de gestion plus à la source
sont donc à privilégier lorsque cela est possible.

 
 
 
 
E-mail
Appel
À propos de